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Journal_de_Pharmacie_de_Belgique_n3_ septembre_2015

Journal de Pharmacie de Belgique - 97ème a 26 nnée n° 3 - septembre 2015 promoteur 4,15. Ce concept nécessite également la mise en place d’un circuit parallèle au circuit habituel des chimiothérapies anticancéreuses intraveineuses. Celui-ci peut occasionner des problèmes organisationnels comme la mise en place de lieux de stockage supplémentaires, à température ambiante et au réfrigérateur, à la fois pour les produits « libérés » et les produits en quarantaine. 2. Objectifs Analyser la faisabilité et l’intérêt de la mise en oeuvre du concept de « Dosebanding » des cytostatiques au sein de l’hôpital CHU Dinant Godinne-UCL Namur en identifiant les molécules candidates et en fixant des doses standardisées permettant de couvrir une majorité des doses prescrites au sein de l’institution. 3. Méthode L’étude de faisabilité a été conduite sur le site de Godinne (420 lits). La production de chimiothérapies anticancéreuses intraveineuses durant l’année 2012 comptait 11 645 poches. Au moment de l’analyse, la préparation des cytostatiques se faisait à partir du logiciel Cytosoft® 22. Depuis juin 2013, celui-ci a été remplacé par le logiciel Asclépios® 23 pour l’Hôpital Médical de Jour ainsi que pour les hospitalisations dans l’unité d’oncologie. 3.1. Sélection des molécules La première étape du projet a consisté à déterminer les molécules éligibles à la standardisation en définissant des critères de sélection. Pour ce faire, une revue de la littérature a été réalisée et trois critères ont pu être retenus 3,4,14,24 : -- la fréquence des molécules préparées ; -- la stabilité physico-chimique à long terme après la reconstitution ; -- les opportunités économiques. Ce dernier point n’a pas été pris en compte à proprement parlé durant l’analyse puisqu’il découle du concept même de dose-banding qui permet, via la production de lots de fabrication, d’économiser les reliquats de vials non Depuis de nombreuses années, une controverse concerne la méthode de calcul des doses de cytostatiques basée sur la surface corporelle (BSA, Body Surface Area). En effet, il a été prouvé qu’il n’existait qu’une relation imprécise entre le BSA, la dose délivrée au sein de la tumeur, l’activité clinique et l’apparition d’effets indésirables 17,18. De plus, la formule calculant le BSA de Du Bois & Du Bois utilisée dans l’institution n’est basée que sur un échantillon de 9 patients. D’autres formules peuvent également être utilisées pour calculer le BSA, celle de Mosteller, d’Haycock, de Gehan et George ou encore celle de Boyd, mais aucune ne donne le même résultat 15. Ainsi, pour un patient mesurant 1m70 et pesant 75 kg, le BSA calculé par la formule de Du Bois & Du Bois est de 1,86 m2 contre une moyenne de 1,89 m2 pour les autres formules 15. Un argument supplémentaire plaidant en faveur du dose-banding est la disponibilité des spécialités orales sous forme de dosage « fixe », non adaptable à la surface corporelle du patient comme le sont les doses administrées en intraveineuse 19,20. De plus, récemment, un nouvel anticancéreux prescrit en perfusion intraveineuse dans le cancer du sein, le pertuzumab, pour lequel on préconise l’utilisation d’une dose fixe a été mis sur le marché 21. Le but du dose-banding est donc de sélectionner une ou des molécules et de proposer des doses standardisées en accord avec le staff médical afin de couvrir la majorité des doses prescrites. Ces SRD peuvent alors être préparées à l’avance par lot de fabrication. Les poches ainsi prêtes à l’emploi sont disponibles directement dès la prescription par le médecin. Ce concept diffère fondamentalement du circuit actuellement mis en place au CHU Dinant Godinne-UCL Namur où les doses de cytostatiques sont préparées pour un patient donné le jour de l’administration prévue. La principale limite du dose-banding est que ce concept n’est pas applicable au patient pédiatrique ainsi qu’aux essais cliniques, pour autant qu’un accord ne soit donné par l’investigateur et le Cette démarche s’inspire également de la méthodologie LEAN, partie intégrante du plan stratégique de l’hôpital du CHU Dinant Godinne-UCL Namur depuis 2007 8-10. Un des principes de cette méthode consiste à diminuer voire éliminer le gaspillage, qui peut être représenté dans ce cas précis par les étapes non créatrices de valeur pour le patient (le temps d’attente, la surproduction …), afin de se concentrer sur les activités apportant une valeur ajoutée 11. Le concept anglo-saxon de « Dose-banding » ou de doses arrondies, a été défini en 2001 par G. Sewell et R. Plumridge comme « a system whereby, through agreement between prescribers and pharmacists, doses of intravenous cytotoxic drugs, calculated on an individualized basis that are within defined ranges or bands are rounded up or down to pre-determined standard doses. The maximum variation of the adjustment between the standard dose and the doses constituting each band is 5% or less. A range of pre-filled syringes of infusions, manufactured by pharmacy staff or purchased from commercial sources, can then be used to administer the standard dose » 12. Dans la pratique, certains hôpitaux ont divergé de cette définition, en acceptant une déviation standard de plus de 5%, allant parfois jusqu’à 10% 13,14. La standardisation des doses de cytostatiques a déjà été sélectionnée par d’autres hôpitaux comme une solution pour fluidifier la répartition de la charge de travail et améliorer l’organisation du service 14,15. La préparation à l’avance permet d’augmenter la capacité de planning, mais également d’accroître la réactivité de la pharmacie tout en limitant les pics d’activité 12. Elle permet parallèlement la mise en place d’un programme d’assurance qualité, qui sera d’ailleurs rendu obligatoire par l’arrivée des normes PIC/S 16. Lors de la détermination des doses standardisées (SRD, standardized rounded doses), une attention particulière peut également être portée sur le choix des doses arrondies et faciles à prélever afin de diminuer le risque d’erreur de préparation. étude Farmaceutisch Tijdschrift voor België


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