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Journal_de_Pharmacie_de_Belgique_n3_ septembre_2015

Journal de Pharmacie de Belgique - 97ème année n° 3 - septembre 2015 37 1. Introduction En milieu hospitalier, la majorité des traitements médicamenteux est administrée par voie intraveineuse1-8. Ces traitements sont généralement préparés et administrés par les infirmières des unités de soins. Les risques liés à la préparation et à l’administration des médications injectables sont importants et variés : prescriptions incomplètes et ambiguës, procédures complexes de préparation, manque d’informations pharmacotechniques essentielles, absence de processus multidisciplinaire, erreur de sélection de médication et/ou de diluant, utilisation de médications, de diluants ou de solution aqueuses périmées, erreur de calcul, incompatibilité physicochimique, erreur de patient, erreur de voie d’administration, mauvaise technique de préparation, erreur d’asepsie, protection de l’opérateur, niveau variable de connaissance et d’expérience du personnel de soins 9. Afin de réduire ces erreurs potentielles, deux types de mesures peuvent être mises en place : la standardisation des méthodes de préparation à l’usage des infirmières et la centralisation des préparations et reconstitutions en pharmacie hospitalière. La standardisation des méthodes de préparation à l’usage des infirmières est un travail multidisciplinaire, décrit par plusieurs auteurs 10-13, qui réunit médecins, infirmières et pharmaciens et permet de préparer les médications injectables selon des méthodes validées. Ce travail de standardisation est une étape préalable à la centralisation de ces préparations et leur reconstitution en pharmacie hospitalière. La centralisation des mélanges de nutrition parentérale binaire (acides aminés+glucose) puis ternaire (acides aminés+glucose+lipides) et leur préparation en ambiance stérile ont été instaurées au début des années 70. Les éléments moteurs de cette centralisation étaient la réduction de la contamination de ces solutions préparées auparavant en atmosphère non contrôlée, la stabilité physico-chimique de ces mélanges (un mélange de nutrition parentérale ternaire pouvant contenir jusqu’à 50 molécules différentes, électrolytes et oligoéléments compris) et l’allègement du travail infirmier 14. Durant les années 80, les pharmacies hospitalières vont prendre en charge progressivement la préparation centralisée des doses de chimiothérapie anticancéreuse. Aux trois éléments moteurs décrits pour la prise en charge des nutritions parentérales s’ajoute la protection de l’opérateur, ces substances étant toxiques et leur préparation étant recommandée dans une hotte à flux d’air laminaire vertical. A côté de ces deux types d’injectable, il reste beaucoup d’autres médications injectables, notamment les anti-infectieux, les antiémétiques et les antidouleurs. Les éléments moteurs de la prise en charge de ces traitement injectables sont les mêmes que ceux précédemment cités, auxquels s’ajoute un aspect économique, la préparation de doses standardisées d’injectables étant réalisée plus rapidement et à moindre coût. C’est ainsi que ce sont mises en place des Unités Centrales de Reconstitution d’Injectables (UCRI) ou Centralized IntraVenous Admixures Services (CIVAS) 14,15, documentés dans plusieurs travaux 14-20. Les données de stabilité physico-chimiques des doses injectables reconstituées sont disponibles dans des manuels ou des bases de données électroniques21-27 fournissant des données de stabilité physique (visuelle, mesure de pH, modification ou apparition de coloration …). Les études de stabilité chimiques sont réalisées en général pour des périodes variant de 12 heures à 7 jours. Les concentrations, les solutions de perfusion et les flaconnages peuvent varier (verre, poches en chlorure de polyvinyle (pvc), en polyoléfine, flacons semi-rigides en polyéthylène, flacons en verre) et ne pas toujours correspondre à la pratique de l’hôpital. 2. Mise en place d’un programme d’étude systématique de la stabilité chimique à long terme Une UCRI a été mise en place en 1990 28 et s’est développée rapidement. Les médications prises en charge ont été sélectionnées sur base de leur consommation dans les services de soin et un classement a été effectué via le logiciel de gestion du département de Pharmacie, Apo-medsoc 29. Les données de stabilité physicochimique à long terme des médications sélectionnées n’ayant pas été jugées suffisantes, une collaboration s’est installée entre le Département de Pharmacie, le Laboratoire de Biologie Médicale et l’Unité de Support Scientifique pour déterminer la stabilité à long terme des injectables largement utilisés dans les unités de soin. Une revue de littérature a été réalisée pour chaque molécule sélectionnée afin d’analyser les données existantes de stabilité physico-chimique et les méthodes de dosage. Sur base de cette revue, le dosage par chromatographie liquide à haute performance (CLHP) a été adapté et validé au laboratoire. La méthode de dosage permet la séparation du produit original de ses produits de dégradation éventuels et sa quantification. Une planification des différents dosages a été établie. Pour chaque étude, 5 poches souples renfermant la médication en solution dans du glucose 5% ou du NaCl 0,9% ont été préparées en conditions aseptiques et déposées au laboratoire. Aux jours spécifiés, des échantillons de chaque poche sont analysés, en triplicate. La durée de chacune des études varie de 30 à 60 jours. Dans les études après congélationdécongélation, les poches sont stockées plusieurs semaines au congélateur dans la pharmacie après le premier prélèvement réalisé le jour même de la préparation, puis décongelées au four à micro-ondes selon un cycle validé 30,31. Les poches de solutions décongelées sont alors fournies au laboratoire pour la réalisation des analyses. étude


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