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Annales_Pharmaceutiques_N_09_septembre_2015

de soutien, en donnant des conseils de technoprévention par exemple. En revanche, quand on parle d’accroître la probabilité d’arrestation, c’est à nous, les services de police, de prendre le lead. Mais nos partenaires peuvent apporter leur soutien, par exemple en installant un système d’alarme et des caméras. Le premier permet une intervention rapide; les secondes peuvent aider à identifier les auteurs. Si notre façon de traiter la criminalité contre les biens a porté ses fruits, ce n’est pas uniquement parce que nous avons augmenté la probabilité d’arrêter les auteurs des méfaits commis, c’est aussi parce que nous sommes parvenus, en concertation avec nos partenaires, à réduire le butin. Cette collaboration avec les partenaires privés est essentielle. Quel est le rôle de l’APB ? Luc Adriaenssens: Dans un premier temps, nous voulons sensibiliser et informer les pharmaciens. Nous avons réalisé une enquête auprès de nos membres afin de savoir ce qu’il en était de la sécurité dans leur pharmacie et de mieux cerner leurs expériences et leurs attentes. Nous allons présenter les résultats de cette enquête lors de soirées d’information dans les unions locales. Au cours de ces soirées, nous voulons surtout informer les pharmaciens sur les mesures qu’ils peuvent prendre pour améliorer la prévention contre le vol et les cambriolages dans leur officine. Nous voulons faire sortir les pharmacies du top 3 (des commerces les plus visés). Eddy De Raedt: Une meilleure prévention de la criminalité en officine exige toujours un mix de trois éléments: des mesures organisationnelles, architecturales et électroniques. Cela n’a pas de sens d’investir dans une seule catégorie de mesures. Luc Adriaenssens: Trois sortes de mesures préventives sont également abordées en détail dans une toolbox que nous avions développée il y a 12 — Focus Annales n° 9 - septembre 2015 quelques années en collaboration avec le SPF Affaires intérieures et les unions locales. Cette toolbox, que l’on peut consulter via MyAPB, fournit une série de conseils en matière de sécurité et de prévention pour les pharmaciens. Parmi les mesures organisationnelles, vous y trouverez notamment des conseils pour réduire le butin. Le pharmacien peut stimuler le paiement électronique (y compris pour les petits montants), déposer régulièrement l’argent à la banque (mais pas toujours aux mêmes horaires ni par la même personne) ou s’équiper d’un coffre doté d'une serrure retardatrice d'intrusion. L’enquête a montré que les pharmaciens étaient très peu nombreux à avoir consulté la toolbox, mais que ceux qui l’avaient fait en étaient très satisfaits. Nous devons donc mettre cet outil beaucoup plus en lumière. Quels autres résultats vous ont frappé ? Luc Adriaenssens: Je suis surpris par les investissements déjà consentis dans le domaine de la sécurité, c’est plutôt positif. Mais les pharmaciens ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers car les technologies vieillissent rapidement. Les criminels s’adaptent. Il ne faut donc pas se laisser endormir. Dans l’enquête, je constate que le coût de certaines mesures de prévention peut être un obstacle, mais en concluant des partenariats avec différents acteurs du secteur de la sécurité, nous souhaitons précisément offrir des packages à nos membres à des conditions intéressantes. Ce qui m’a également beaucoup frappé dans l’enquête, c’est qu’il ne faut pas négliger les séquelles psychologiques chez les victimes d’attaque et d’autres formes d’agressions. Eddy De Raedt: Absolument. Une bonne prise en charge et un bon suivi sont, de ce fait, très importants. Auparavant, on y accordait très peu d’attention –la victime n’a été découverte qu’au milieu des années 1990– mais cela a fort changé. La police locale a beaucoup investi dans la prise en charge des victimes. Dans l’enquête, certaines victimes signalent cette bonne prise en charge par la police. Mais il y a aussi des critiques: « J’ai appelé la police parce qu’un type louche faisait le pied de grue devant la pharmacie peu avant sa Braqueurs armés: jeunes mais dangereux Le nombre d’attaques à main armée contre des pharmacies est en baisse: 183 (2012), 113 (2013) et 95 l’an dernier, dont 80 dans quatre grandes villes: Bruxelles (40), Charleroi (16), Anvers (12) et Liège (16). Dans les trois premières, le nombre d’attaques a augmenté par rapport à l’année précédente. Qui sont ces braqueurs armés ? Eddy De Raedt: Essentiellement des baby-braqueurs, de jeunes criminels issus de la ville –souvent seuls, parfois à deux– qui sont prêts à mettre une arme contre la tempe d’un pharmacien si cela peut leur rapporter 1.000 euros. Généralement, le butin est moins élevé. Sur les 95 attaques, 9 seulement ont fourni un butin égal ou supérieur à 1.000 euros. Des Baby-braqueurs ? Eddy De Raedt: Il s’agit d’amateurs, mais d’amateurs dangereux. Précisément parce qu’ils n’ont pas d’expérience. Il faut être extrêmement prudent avec ces jeunes malfrats. Evitez toute escalade dans la violence. Qu’en est-il de la probabilité de les arrêter ? Eddy De Raedt: Pour les attaques qui se sont déroulées au cours du premier semestre 2015, nous nous situons à un taux de 25% d’arrestation. Et cela va encore augmenter. Je crois que nous atteindrons 35 à 40%. Les butins diminuent, alors que le risque d’être arrêté augmente. Le return on investment est donc mauvais. Peut-être commencent-ils à le comprendre aussi, car le nombre d’auteurs (irrationnels) est en baisse...


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