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Annales_Pharmaceutiques_N_09_septembre_2015

Réponse Réponse C de préférence Il y a bien une raison à la différence de code. Le risque de conséquences préjudiciables pour la santé de Berthine est faible. Mais l’amitriptyline peut compliquer l’allaitement. Amitriptyline et nortriptyline Nos connaissances en chimie remontent peut-être à longtemps maintenant. Dans quelle mesure connaissons-nous encore la différence entre deux structures ? Cette différence n’est pas tellement grande, mais elle est pourtant importante. L’amitriptyline est une amine tertiaire. Elle a par conséquent aussi des effets anticholinergiques 1. La nortriptyline est une amine secondaire, avec moins d’effets anticholinergiques indésirables et un caractère plutôt stimulant, contrairement à l’amitriptyline. La déméthylation est une importante étape métabolique (voir la figure 1). La distinction au niveau du code est principalement dictée par les caractéristiques fondamentales des deux molécules. Les Résumés des Caractéristiques du Produit (RCP) indiquent que la nortriptyline a un effet anticholinergique modéré. Pour l’amitriptyline, les RCP mentionnent des effets anticholinergiques centraux et périphériques 1 2. Amitriptyline et allaitement Le rapport lait-plasma pour l’amitriptyline s’élève à plus de 1. A première vue, cela semble défavorable 3. D’autre part, les antidépresseurs tricycliques se caractérisent par un grand volume de distribution (11-18 l/kg) et une liaison protéique relativement forte (95 %) 34. La quantité absolue d’amitriptyline qui passe dans le lait maternel est, de ce fait, faible (moins de 0,2 mg par jour). Une sédation chez Berthine est possible, mais peu probable. Un effet local dans le système gastro-intestinal peut engendrer des selles plus difficiles. L’effet anticholinergique systémique peut théoriquement compliquer la sécrétion de lait chez Berthe. Berthe peut essayer l’amitriptyline. Si l’allaitement devient difficile, elle en connaîtra la cause possible. Il existe peut-être encore une autre solution. Il a été prouvé que l’huile essentielle de menthe poivrée (Mentha piperita L.) peut réduire la décharge des cellules nerveuses et par conséquent aussi la douleur. L’huile de menthe — une concentration de 10 % diluée dans de l’éthanol (cela peut être de l’éthanol dénaturé à des fins désinfectantes) — est utilisée avec succès en cas de céphalée de tension (d’effort)5.Il ressort de l’entretien avec Berthe que le mal de tête se produit principalement en cas d’effort (yeux) (cf. aussi l’avis du neurologue). Berthe doit faire un usage externe de cette solution. Elle humidifiera un coton propre avec le produit dilué et le frottera sur son front et ses tempes. Après 15 minutes, elle devrait ressentir une atténuation de la douleur. Elle peut appliquer ce traitement trois fois par jour. Il est important de bien diluer l’huile de menthe. Si vous appliquez l’huile non diluée sur la peau, cela causera une irritation.Le mieux pour Berthe sera d’appliquer cette solution après l’allaitement. Il n’est pas exclu que l’huile de menthe soit partiellement absorbée par la peau, la quantité restant limitée. Quand, par exemple, 1 ml de solution est appliquée, tout au plus 100 mg d’huile de menthe peuvent être absorbés. Une partie de l’huile essentielle s’évaporera toutefois immédiatement au contact de la peau chaude et ne pourra pas agir de manière systémique. L’absorption du reste se fera progressivement et l’élimination se produira en majeure partie par les urines et les poumons. Berthe peut commencer par une petite surface (par exemple les 22 — Sur le terrain Annales n° 9 - septembre 2015 tempes, sur les côtés du front) pour voir si la préparation ne provoque pas d’irritation. Certains patients réagissent de façon hypersensible à l’huile de menthe. Il faut absolument éviter tout contact avec les yeux. Il faut donc conseiller à Berthe de ne pas humidifier le coton de manière trop généreuse. Conclusion L’amitriptyline et la nortriptyline sont deux substances différentes qui ont leur propre modèle en ce qui concerne leur activité pharmacologique et pharmacothérapeutique. L’amitriptyline peut compliquer l’allaitement. La quantité absorbée par Berthine via le lait est faible. Une application locale d’huile de menthe sur le front et les tempes est une alternative possible pour Berthe. Gert Laekeman Faculté des Sciences pharmaceutiques – KU Leuven Références 1 Redomex Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) décembre 2013. 2 Nortrilen Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) juillet 2015. 3 https://pharm.kuleuven.be/ apps/cybele/CybeleN/index. htm#t=zw_zenuwst%2Fzenu-83. htm (consulté le 12 août 2015). 4 http://druginfosys.com/Drug.aspx?dr ugCode=48&DrugName=Amitriptyline &type=1 (consulté le 12 août 2015). 5 Monographie de l'Union Européenne sur l'huile de menthe (European Medicines Agency) via: http://www.ema.europa.eu/ ema/index.jsp?curl=pages/medicines/ herbal/medicines/herbal_med_000149. jsp&mid=WC0b01ac058001fa1d (consulté le 12 août 2015). Le risque de conséquences préjudiciables pour la fille de Berthe est faible, mais l’amitriptyline peut compliquer l’allaitement.


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