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Il est donc possible qu’un patient vacciné contracte la grippe malgré tout. La vaccination classique diminue la morbidité de 30 à 70 % et réduit le nombre de complications de 20 à 50 %. Le risque d’attraper la grippe malgré la vaccination augmente avec l’âge du patient. Chez les plus de 65 ans, la protection est plus faible. La vaccination peut cependant diminuer l’intensité de l’infection ainsi que le risque de complications et d’exacerbation de comorbidités. La vaccination de la population à risque est donc particulièrement importante (voir plus loin). 1.4. Chiffres belges relatifs à la vaccination antigrippale 9 Il ressort d’un rapport de l’Institut Scientifique de Santé Publique de 2013 qui analyse les données d’une enquête de population de l’année 2008 que 29 % des Belges se sont déjà faits vacciner contre la grippe. Le taux de vaccination augmente avec l’âge. En effet, en 2008, la couverture vaccinale des plus de 75 ans était estimée à 71 %. Mais si l’on considère la population âgée de moins de 65 ans à haut risque de complications, cette couverture est par contre très basse (20 %). C’est pourtant à cette catégorie de patients que profiterait le plus la vaccination. En augmentant le taux de vaccination de cette population, on diminuerait vraisemblablement le nombre d’hospitalisations et de décès de manière significative. C’est à ce niveau que le pharmacien a un rôle à jouer. 2. Vaccination contre la grippe : nouveautés pour la saison 2015-2016 Cette année, deux vaccins quadrivalents (appelés aussi tétravalents) seront disponibles sur le marché, en plus des vaccins trivalents. Ils contiennent une composante supplémentaire du virus de l’influenza de type B. L’un d’eux est un vaccin classique, c’est-à-dire intramusculaire, l’autre est un vaccin pour administration intranasale. Ce dernier est un vaccin vivant atténué enregistré uniquement pour une utilisation chez les moins de 18 ans. (dérive antigénique ou antigenic drift), ce qui rend l’immunité acquise préalablement insuffisante. C’est pour cette raison qu’une vaccination annuelle est nécessaire. Des modifications plus importantes sont également possibles, on parle alors de saut antigénique (ou antigenic shift). Celles-ci sont à l’origine de changements antigéniques importants par rapport au sous-type initial. Un tel phénomène s’observe tous les 10 à 40 ans. Etant donné que la population ne possède absolument aucun anticorps adéquat pour se protéger contre eux, ces virus sont donc responsables de pandémies. C’est ce qui s’est passé avec le virus pandémique influenza A (H1N1)pdm09. La maladie qu’ils provoquent n’est généralement pas plus sévère mais, vu qu’elle touche davantage de personnes, on observe plus de cas graves ou fatals. La nomenclature pour désigner le virus influenza est la suivante : on indique d’abord le type de virus, puis, le lieu géographique où le virus a été isolé pour la première fois, ensuite, un numéro de référence (ou numéro de souche), l’année de l’isolement et, pour finir, le sous-type. 1.3. Traitement et prévention 2,6→8 Le traitement consiste principalement à se reposer et à prendre du paracétamol ou des anti-inflammatoires, mais pas d’aspirine car cela augmente le risque de syndrome de Reye (plus particulièrement chez les enfants et adolescents). Les antiviraux peuvent écourter légèrement la durée de la maladie s’ils sont pris dans les 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Prévenir l’infection est primordial. Pour ce faire, le respect des mesures d’hygiène des mains et d’hygiène respiratoire est important mais c’est la vaccination annuelle qui constitue la pierre angulaire de la prévention de la grippe. La composition du vaccin contre la grippe est communiquée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) chaque année, en février. Celle-ci est déterminée sur base des données de surveillance mondiale de façon à ce que le vaccin offre une protection contre les virus qui sont les plus susceptibles de circuler. Journal de Pharmacie de Belgique - 97ème année n° 3 - septembre 2015 15 Généralement, la grippe dure entre 3 et 8 jours. Les symptômes classiques sont : fièvre, céphalées, frissons, myalgies, malaise et toux. La rhinite est rare dans la phase précoce de la maladie. Chez les enfants, les symptômes sont semblables à ceux d’autres infections virales. La grippe entraîne des complications chez environ 10 % des malades ; celles-ci sont principalement respiratoires. Chez l’adulte, les plus fréquentes sont la pneumonie, la sinusite et l’exacerbation de l’asthme, de la BPCO ou de la bronchite chronique. Chez l’enfant de moins de 3 ans, une otite moyenne aiguë complique 40 % des cas. Environ 10 % des patients présentant des complications doivent être hospitalisés et une issue fatale ne peut malheureusement pas être exclue. 1.2. Virus influenza1→3 Le virus influenza est un virus à ARN de la famille des Orthomyxoviridae. Il en existe différents types et soustypes. Le type (A, B ou C) dépend de la nature antigénique d’une protéine interne intimement associée au matériel génétique, la nucléoprotéine (NP). Le virus influenza de type A est à l’origine de symptômes modérés à sévères, alors que ceux causés par le type B sont plus légers. Le virus influenza B infecte plus particulièrement les enfants. Il est aussi plus stable (moins sujet à la dérive antigénique, voir ci-dessous) et offre donc une plus grande stabilité immunologique. Le virus influenza de type C a peu d’importance sur le plan médical. L’infection qu’il cause est généralement sub-clinique et ce type de virus influenza n’est que rarement à l’origine d’épidémies. Les virus de type A sont divisés en plusieurs sous-types en fonction de leurs antigènes de surface, l’hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). Chez l’humain, trois types d’hémagglutinine (H1, H2 et H3) permettent au virus de se fixer à la cellule cible et deux types de neuraminidase (N1 et N2) interviennent dans sa pénétration à l’intérieur de celle-ci. Au fil du temps, ces protéines de surface subissent de petites modifications génétiques Pratique


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