1er février 2023 – Dès ce mercredi, les patients qui souhaitent réduire progressivement leur consommation de somnifères peuvent compter sur un nouveau programme remboursé pour les y aider. Par le biais de préparations magistrales réalisées par leur pharmacien, sur prescription de leur médecin, ils pourront prendre leur médicament habituel, mais à un dosage adapté, qui sera réduit par palier, jusqu’à l’arrêt complet ou une stabilisation au niveau le plus bas possible. Grâce au budget dégagé par l’INAMI et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, 600 à 900 patients pourront bénéficier de ce programme de sevrage en 2023 en s’adressant à leur médecin et à leur pharmacien.
L’utilisation prolongée de somnifères (benzodiazépines et « Z-drugs ») atteint des niveaux alarmants dans notre pays. Or cet usage entraine souvent des effets indésirables potentiellement graves, multipliant notamment par quatre le risque de chute, dont les conséquences pour les personnes âgées peuvent être extrêmement graves. Afin d’inverser la tendance, les pharmaciens ont récemment conclu un accord avec l’INAMI et les mutuelles. Celui-ci permet de lancer aujourd’hui un programme de sevrage progressif des somnifères qui s’appuie sur une approche multidisciplinaire – le patient bénéficiant de la collaboration et de l’accompagnement conjugué de son médecin et de son pharmacien.
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La surconsommation et l'abus de somnifères et de calmants constituent une préoccupation majeure pour notre secteur et un véritable enjeu de santé publique, souligne Koen Straetmans, le président de l’APB.
Tout en accordant une grande attention au rôle que le pharmacien peut jouer dans le sevrage progressif de somnifères, ce programme fait surtout appel à la concertation et à la collaboration étroite entre les prestataires de soins concernés – le médecin et le pharmacien, mais aussi le psychiatre ou le psychologue si nécessaire ; l’objectif étant d’offrir au patient un accompagnement optimal et les meilleurs soins possibles. »
Un impact négatif majeur sur la Santé publique
La consommation de somnifères en Belgique est l'une des plus élevées d'Europe. En 2021, quelque 400 millions de doses quotidiennes définies1 y ont été délivrées en pharmacie, soit environ 1,1 million de doses par jour. Les résultats d'une enquête2 menée en 2020 par l’AFMPS sur l'usage des benzodiazépines et médicaments apparentés révèlent que la plupart des patients prenaient ces médicaments (beaucoup) plus longtemps que recommandé. Et plus d’un tiers d’entre eux présentaient des signes psychologiques de dépendance. Bien que 70 % des répondants à cette enquête se disaient très motivés à se sevrer, ils avouaient aussi se sentir impuissants et souhaitaient être soutenus.
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La consommation au long cours de benzodiazépines dans notre pays mérite toute notre attention, explique Koen Straetmans, car il est clairement établi qu’elle a des conséquences négatives majeures sur la Santé publique et qu’elle entraîne des dépenses élevées pour l'assurance maladie, notamment en raison des chutes chez les personnes âgées et des accidents de la route. »
Une collaboration indispensable entre le médecin et le pharmacien
Plusieurs études3 ont déjà confirmé l’efficacité d’une réduction progressive du dosage des somnifères, qui permet à de nombreux patients de se sevrer complètement de leur médicament au terme d’un programme dont la durée peut aller de 50 à 360 jours. Le schéma de sevrage et sa durée sont choisis par le patient et son médecin. En fonction de la situation personnelle et des habitudes de consommation des patients, le taux de réussite de cette approche thérapeutique varie entre 40 et 70 %. Pour accroître les chances de succès du patient, la collaboration entre le médecin et le pharmacien est essentielle.
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Tous deux jouent un rôle crucial dans l'information et la sensibilisation des patients ayant développé une dépendance aux somnifères. Aux côtés du médecin, qui va motiver le patient et lui prescrire un programme de sevrage adapté, le pharmacien – en tant que « coach santé » proche, accessible et en contact direct avec le patient –, va le suivre activement et l’accompagner tout au long du parcours de sevrage », conclut Koen Straetmans.
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Dans le prolongement du pharmacien de référence Depuis 2017, la fonction de pharmacien de référence a solidement ancré les pharmaciens au sein de la 1re ligne de soins et témoigne de l'évolution de la profession. En 5 ans, plus de 1,2 million de patients chroniques ont déjà bénéficié de l'accompagnement personnalisé d'un pharmacien de référence. Le nouveau service de sevrage progressif des somnifères s'inscrit pleinement dans le prolongement de ce succès, tout en étant ouvert à tous les patients concernés. Pour en bénéficier, les personnes intéressées ne doivent pas nécessairement avoir un pharmacien de référence, mais peuvent simplement s'adresser à leur pharmacien habituel. Les pharmacies proposeront ce nouveau service de sevrage sur une base volontaire.
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1La Dose Quotidienne Définie (ou DDD, Defined Daily Dose en anglais) se définit comme étant la dose d’entretien moyenne présumée par jour pour un médicament utilisé dans son indication principale chez l’adulte. Il s’agit d’une dose-étalon qui n’est ni une dose moyenne observée auprès des patients ni la dose habituellement prescrite par le médecin.
2Survey on the use of benzodiazepines and Z-drugs to treat insomnia in Belgium - https://www.afmps.be/sites/default/files/BZRA_study_report_2020_DEF_21.06.2022.pdf
3Oude Voshaar R. C., Gorgels W. J. M. J., Mol A. J. J., Van Balkom A. J. L. M., Van de Lisdonk E. H., Breteler M. H. M. et al. Tapering off long-term benzodiazepine use with or without group cognitive-behavioural therapy: three conditioned, randomised controlled trial. Br J Psychiatry. 2003; 182: 498–504. ET Richard C Oude Voshaar , Paul F M Krabbe, Wim J M J Gorgels, Eddy M Gorges Adang, Anton J L M van Balkom, Eloy H van de Lisdonk, Frans G Zitman. Tapering off benzodiazepines in long-term users: an economic evaluation. Pharmacoeconomics. 2006;24(7):683-94.