Baisses de prix & marge économique des pharmaciens
Quel impact potentiel ?
Les baisses de prix entrées en
vigueur ce 1er avril sur un large
éventail de médicaments auront un
impact sur la rémunération de
nombreux pharmaciens. C’est
inévitable. Mais la réforme de la
marge économique, en place depuis
le 1er janvier 2019, va permettre
heureusement de compenser une
grande partie de ce manque à
gagner Après un bref rappel du
fonctionnement du nouveau
mécanisme de calcul de la marge
économique, nous tenterons une
estimation de l’impact financier de
ces baisses de prix sur les revenus
des officines.
La marge économique est stabilisée et
indexée
L’arrêté ministériel du 21 décembre 20181
fixe les modalités de stabilisation et
d’indexation du budget de la marge
économique des pharmaciens à partir
de 2019. Il s’agissait de l’aboutissement
d’un long travail de lobbying de l’APB
auprès du gouvernement.
Cet arrêté stabilise le budget de la marge
économique des pharmaciens à un peu
plus de 101 millions (son niveau de 2017)
et prévoit également un mécanisme
24 — Graphique Annales N° 4 - avril 2019
d’indexation annuelle selon les mêmes
modalités que celles en vigueur dans le
régime de l’assurance obligatoire soins
de santé. Cette indexation était d’ailleurs
d’application dès 2019, ce qui porte le
budget de la marge économique à un
peu plus de 102,5 millions d’euros cette
année. Sur cette base, les coefficients
de calcul de la marge économique
sont adaptés.Les graphiques en page
suivante illustrent le fonctionnement
de ce nouveau système. La ligne noire
pointillée représente une projection de
l’évolution de ce budget « théorique ».
Bien entendu, comme ce budget
« théorique » est fixé en début d’année,
il ne peut pas prendre en compte les
éventuelles baisses de prix intervenant
en cours d’année, celles-ci n’étant
pas encore connues. Dès lors, la
marge effectivement perçue par les
pharmaciens évolue en cours d’année,
avant d’être restabilisée et réindexée au
début de l’année suivante. C’est la ligne
verte dans le graphique. Au final, les
baisses de prix auront toujours un impact
sur la rémunération des pharmaciens
mais d’une façon nettement plus limitée
qu’avec l’ancien système, comme le
montre la projection reprise en rouge
dans le graphique.
Les baisses de prix du 1er avril : quel
impact potentiel ?
L’indexation annuelle de la marge
économique doit donc compenser
l’érosion due aux baisses de prix. Mais
quel est leur impact ? Tout dépend bien
entendu des médicaments concernés, de
leur nombre, du volume (blockbusters ou
médicaments orphelins) et de l’ordre de
grandeur de la baisse de prix.
Prenons un exemple concret et
examinons celles entrées en vigueur
ce 1er avril 2019, dont l’ampleur est
considérable puisque pas moins de 3.717
spécialités sont concernées. Leur impact
significatif s’explique par la combinaison
de différentes mesures (combi cliff, bio
cliff, volume cliff, apparition de génériques
ou de biosimilaires, redéfinition de
certains clusters de « médicaments
les moins chers »...). Calculée sur une
année, la perte de marge économique
due à ces baisses cumulées est estimée
à deux millions d’euros, soit une
moyenne d’un peu plus de 400 euros/an
par pharmacie.
La baisse de prix de l’adalimumab
((Humira® et ses biosimilaires Amgevita®,
Hulio® et Imraldi®), probablement
le médicament biologique le plus
Graphique