qu’elle ne serait sans doute jamais
allée chez un médecin pour ça. En
quelques semaines à peine, ce sont
près de 140 personnes qui étaient
déjà venues faire le test dans l’une
des trois pharmacies de Neufchâteau
(et près de 230 à la date du 22 mars,
ndlr.). L’un des pharmaciens a même
dû gérer une vingtaine de rendez-vous
sur une seule semaine. C’est énorme,
car en plus de l’autotest de dépistage,
le pharmacien doit aussi prendre le
temps de délivrer un message de
prévention et d’aborder notamment
l’importance de l’activité physique
et d’une bonne alimentation.
Il faut dire que, outre le toutes-boîtes
de présentation distribué dans la
commune, la campagne a bénéficié
d’une belle couverture médiatique. Un
article publié fin janvier dans L’ Avenir
avait déjà suscité beaucoup de réactions.
Notamment celle de RTL, qui est venue
tourner un reportage (relayé dans
notre APBnews du 23 janvier, ndlr.) dans
l’une des pharmacies participantes.
Le bouche-à-oreille semble avoir
bien fonctionné également.
Et du côté des pharmaciens ?
Ils étaient très motivés par le projet –
tous y investissent d’ailleurs un temps
considérable – et sont ravis des
premières semaines de campagne.
Dans l’une des trois pharmacies,
une assistante avait justement suivi,
l’an dernier, le module de formation
de la SSPF sur le diabète. Elle était
enchantée de pouvoir mettre en
application ce qu’elle avait appris.
L’un des pharmaciens m’a aussi confié
qu’ils avaient vraiment besoin de
projets comme celui-là.
Pour faire évoluer plus rapidement
la profession ?
Oui. C’est d’ailleurs quelque chose qui
m’a frappée ces derniers mois dans
toute la région. L’inquiétude vis-à-vis
de l’avenir est très grande. Il y a un
réel sentiment d’urgence. Pour sauver
leur profession, les pharmaciens ont
besoin de nouvelles missions. Des
pharmaciens de Libramont, d’Habay,
de Marche, de Rendeux, de Beaumont,
de Baillonville… m’ont déjà demandé
quand viendrait leur tour. Tous veulent
participer à cette campagne.
34 — Dialogue Annales N° 4 - avril 2019
L’occasion se présentera-t-elle dans le
cadre de Chronilux ?
Nous voulons, en tous cas, poursuivre
le test en l’élargissant à d’autres
communes de la province. Cette seconde
phase devrait à nouveau se dérouler
sur trois mois, à partir de septembre.
Le nombre de communes concernées
devrait dépendre d’un financement que
nous pourrions éventuellement obtenir
de l’INAMI. Si nous ne le décrochons
pas, nous devrons sans doute nous
restreindre à deux ou trois communes.
Le projet nécessite-t-il des moyens
importants ?
A l’instar du projet Taking Care de la
KLAV (cf. le Focus des Annales n°6 de juin
2016, ndlr.) qui nous a servi de modèle,
les appareils qui permettent de mesurer
le taux d’HbA1c nous sont prêtés
par Abbott. En revanche, il nous faut
acheter les cassettes d’analyse pour
toutes les pharmacies participantes.
En vue de préparer la seconde phase, un
courrier va être envoyé à l’ensemble des
pharmacies de la province. L’objectif est
de recenser celles qui sont prêtes à faire
ce dépistage. Car pour pouvoir prendre
part au projet, il y a quelques critères à
respecter. Les pharmaciens doivent être
disposés à participer à une formation
préalable ; ils doivent avoir le matériel
nécessaire (balance, mètre ruban…) ainsi
qu’un local adéquat pour accueillir les
personnes désirant faire le test.
A-t-on déjà une idée de l’impact de
la première phase de la campagne
ou est-ce encore trop tôt ?
Dans l’une des pharmacies
participantes, une patiente a présenté
un taux d’HbA1c extrêmement élevé
qui a nécessité une prise en charge
immédiate. Le contact a été pris avec le
médecin traitant et une prise de sang
a pu être réalisée très rapidement. A
ce jour, environ 45 % des personnes
testées ont présenté un score Findrisk
élevé. Pour une sur deux, le taux mesuré
d’HbA1c indiquait un pré-diabète ; pour
une sur vingt, il indiquait un diabète.
Globalement, plus d’une personne
testée sur deux a été orientée vers
son médecin.
Pour le reste, il faudra attendre la fin de
la campagne. Au terme des trois mois
de cette première phase, le projet
fera d’ailleurs l’objet d’une évaluation
complète par son comité de pilotage.
De qui ce comité est-il composé ?
Outre les trois diabétologues que
j’ai déjà évoqués, il comprend
des médecins généralistes, des
pharmaciens et des infirmières en
diabétologie. Ce comité de pilotage
évaluera non seulement les résultats
des tests, les seuils de renvoi vers
le médecin, la procédure d’envoi des
résultats par courrier, etc., mais aussi
les remarques que les pharmaciens
participants auront formulées durant
toute la durée de la campagne. Ce feedback
devrait permettre, d’une part,
d’identifier les obstacles et problèmes
éventuellement rencontrés – afin de
remédier aux éventuelles « maladies
de jeunesse » du projet – et, d’autre
part, de mieux cerner les besoins des
pharmaciens, en matière de formation
notamment.
Le dépistage du diabète en officine
n’est qu’une des nombreuses
actions prévues dans le cadre du
projet Chronilux. D’autres actions
à l’attention de la population
sont-elles déjà sur les rails ?
Une série de quatre ateliers diététiques
collectifs, animés par une diététicienne
et organisés dans les Maisons du
Diabète de la province, va débuter
avant la fin du mois. Les pharmacies
pourraient être des relais d’information,
voire de recrutement importants pour
ces ateliers. Par ailleurs, une campagne
de dépistage de la rétinopathie
diabétique sera également organisée
en deux phases cette année, avec
trois dates en mai et quatre dates
en novembre.
Il faut savoir qu’il n’y a que treize
ophtalmologues en province du
Luxembourg. Ils sont donc eux-mêmes
demandeurs de cette initiative, qui
s’appuie sur une collaboration avec les
Maisons du Diabète. Les clichés seront
pris par deux infirmières spécialement
formées, puis transmis via le Réseau
Santé Wallon aux ophtalmologues qui en
feront l’analyse.
Nous travaillons aussi, par exemple,
à la construction d’un module de