14 Nouvelles Brèves N° 7 - 15 avril 2019
Science & Recherche
Diabète I La mini-tortue livreuse d’insuline
De nombreuses équipes cherchent depuis des années le moyen de remplacer les fastidieuses
injections quotidiennes d’insuline chez les patients diabétiques par des pilules à avaler. Mais
elles se heurtent toutes au même obstacle : l’insuline est dégradée dans l’environnement acide
de l’estomac et n’est pas absorbée par la membrane intestinale. Une tortue a inspiré à l’une de
ces équipes la création d’une capsule d’insuline innovante. →
On nous promet depuis des années que
les piqures d’insuline feront bientôt partie
du passé. Une des dernières annonces en
date est assez particulière, puisque les
chercheurs du MIT, du Brigham and
Women’s Hospital, de Harvard et de
l’entreprise Novo Nordisk ont imaginé une
capsule munie d’une aiguille à avaler pour
délivrer l’insuline.
De la taille d’une myrtille, la capsule
s’accroche à la paroi de l’estomac, et
l’aiguille se place naturellement toujours
du bon côté, même si l’estomac se met à
bouger. La carapace de la tortue léopard,
qui s’oriente toujours dans la bonne
position, l’a inspirée. La pointe de l’aiguille
est formée d’insuline lyophilisée et
comprimée. « Dans la capsule, l’aiguille est
fixée à un ressort comprimé maintenu en
place par un disque en sucre. Lorsque la
capsule est avalée, l’eau dans l’estomac
dissout le disque de sucre, libère le ressort
et injecte l’aiguille dans la paroi de
l’estomac », peut-on lire dans un
communiqué du MIT. Une piqure qui passe
inaperçue puisque la paroi de l’estomac
n’a pas de récepteurs sensoriels pour la
douleur.
Des tests ont permis de délivrer (sur une
durée d’une heure déterminée par les
scientifiques) jusqu’à 5 milligrammes
d’insuline, soit la dose nécessaire à un
patient diabétique de type 1. Aucun effet
indésirable n’a été observé, la capsule
passant dans le système digestif après
avoir fait son travail.
L’équipe, qui planche depuis des années
sur une pilule munie d’aiguille(s), mise
beaucoup sur cette innovation. « Nous
avons vraiment l’espoir que ce nouveau type
de capsule pourra un jour aider les patients
diabétiques et peut-être toute personne
nécessitant un traitement par injection ou
perfusion », a confié Robert Langer, du
MIT.
Info
https://bit.ly/2Shl2ya
AVC I Un médicament anti-VIH très prometteur
Après un AVC, une intervention dans l’heure est cruciale pour un bon rétablissement.
Au-delà, les séquelles sont à craindre. Mais il semble qu’un médicament anti-VIH puisse
faire remonter le temps et stimuler la récupération, même s’il est pris plusieurs heures
ou jours après l’accident. →
Publiée dans la revue Cell, l’étude menée
par S. Thomas Carmichael, neurologue à
la Faculté de médecine David Geffen de
l’Université de Californie, a démontré
qu’en donnant à des souris un
médicament bloquant le CCR5,
3 semaines après une attaque, leurs
performances étaient améliorées. Le
CCR5 contribue à réduire l’excitabilité des
neurones après un AVC, ce qui est positif
dans un premier temps. Mais en émettant
des signaux d’arrêt (pour que le neurone
ne continue pas à emmagasiner de
l’information), il interfère sur la capacité
du cerveau à établir de nouvelles
connections et réparer les dommages. Le
médicament utilisé dans les thérapies
anti-VIH « ne traverse pas facilement la
barrière hémato-encéphalique, mais
suffisamment pour préserver les connexions
cérébrales impliquées dans la signalisation
chimique et augmenter la connectivité entre
les régions cérébrales », a montré l’étude.
En bloquant le CCR5, le traitement a
permis de créer des connections entre
neurones, un résultat très encourageant
sur les rongeurs, mais pas forcément
reproductible chez les humains. Pour en
savoir plus, les chercheurs se sont
associés à une équipe du Tel Aviv Brain
Acute Stroke Cohort (TABASCO). Ils ont
identifié 68 personnes parmi les
survivants d’attaques qui avaient une
mutation (absence) du CCR5. Ces patients
comparés aux autres présentaient une
meilleure récupération (capacités de
mouvements plus rapides et moins de
déficits cognitifs), 6 mois et un an après
l’attaque.
Ces résultats ont conforté le
Prof. Carmichael et ses collaborateurs
dans la nécessité de lancer un essai
clinique, et de traiter des patients avec ce
médicament, plusieurs jours après leur
attaque, en plus d’une thérapie physique
intensive (pour rétablir les mouvements).
Une combinaison que les chercheurs
espèrent gagnante.
Info
https://bit.ly/2H1El7P
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
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/2Shl2ya
/2H1El7P