Transfert de revenus nécessaire
La ministre De Block reconnaît l’importance
de la stabilité financière pour les pharmaciens,
mais ajoute dans son communiqué de presse
une nuance : « Dans le paysage actuel des soins
de santé, il est très important que les pharmaciens
jouent leur rôle de prestataires de soins de santé.
Ils sont les mieux placés pour conseiller les
patients par rapport à l’utilisation correcte des
médicaments. C’était également l’un des éléments
essentiels du cadre pluriannuel que j’ai signé
avec eux en 2017 : nous voulons nous concentrer
beaucoup plus sur ce rôle de prestataire de soins,
également en termes de financement. Pensez, par
exemple, au remboursement que nous avons mis en
place pour les pharmaciens de référence. J’espère
donc qu’à l’avenir, nous pourrons transférer le
budget de la marge économique vers les tâches de
soins, car cela profitera au patient. »
17
honoraires (délivrance, magistrales, BUM,
disponibilité, pharmacien de référence…)
sont concernés, de même que la marge
économique. De plus, le Conseil des ministres
du 20 décembre 2019 a décidé de
stabiliser cette marge au niveau de 2017.
Cela signifie une augmentation de 1,2 million
d’euros par rapport à 2019. Les deux
mesures donnent plus de stabilité financière
au secteur. Autre point positif : les
mesures relatives à la contraception pour
les jeunes femmes vont être étendues
jusqu'à 25 ans (au lieu de 21 actuellement).
Baisses de prix en perspective
Des mesures d’économies au niveau du
budget des médicaments étaient inévitables.
Vu leur part importante dans les
dépassements budgétaires, les médicaments
biologiques (délivrés à l’hôpital à des
patients ambulatoires) sont tout particulièrement
ciblés. Les « vieux » médicaments
également ; d’une part, les baisses de prix
intervenant après 12 ans seront renforcées
(une baisse de prix supplémentaire
(2,75 %) va s’ajouter aux baisses de prix
combinées existantes) et, d’autre part, un
nouveau mécanisme, baptisé « old drugs
cliff », va être instauré. Ces baisses de
prix risquent d’impacter votre gestion des
stocks. Grâce au mécanisme de stabilisation
de la marge économique, la perte
enregistrée à ce niveau sera compensée
de manière structurelle.
Notez que ces mesures sur les médicaments
n’entreront pas en vigueur avant le
1er avril (au plus tôt).
Risques d’indisponibilités
Autre motif d’inquiétude : la suppression
de la « marge de sécurité ». Certains
médicaments originaux (par exemple le
Tegetrol) ont aujourd’hui un ticket modérateur
plus élevé que leur(s) équivalent(s)
générique(s), parce que leur prix public
est supérieur à la base de remboursement.
La différence, qui vient s’ajouter au
ticket modérateur, ne peut dépasser les
5 euros (dans le cas contraire, le médicament
original est déremboursé). Cette
marge de sécurité empêche que
le montant à charge du patient
ne soit trop élevé lorsqu’on lui
prescrit un médicament original
beaucoup plus cher. Au cours de
cette année, la marge de sécurité
sera supprimée (ramenée
à 0 €) ; il ne pourra plus y avoir
de différence de prix à charge
du patient. Le prix des originaux
concernés devra donc baisser ;
à défaut, ces médicaments seront
déremboursés. Pour les
patients, l’économie est réelle.
Mais est-ce une bonne chose ?
Si la mesure entre en vigueur
d’un coup au 1er avril, certains
originaux pourraient disparaître
du marché, sans que les firmes
génériques ne puissent compenser
immédiatement. La liste
des indisponibilités pourrait
ainsi s’allonger… au détriment
de tous !
De quoi être satisfaits ?
On peut se demander si investir dans la
contraception était une priorité en termes
de santé publique, ou s’il est plus important
de réduire encore les montants payés par
les patients sous forme de ticket modérateur
plutôt que d’investir dans des initiatives
liées à de nouveaux services. Une fois
de plus, ces baisses de prix supplémen-
taires vont compliquer notre gestion des
stocks. Ceci dit, globalement, nos revenus
suivront l’évolution de l’indice des prix, ce
qui est bien sûr crucial pour la viabilité de
la pharmacie. ■
Des baisses de prix
supplémentaires qui risquent de
compliquer notre gestion du stock
Risque accru d’indisponibilités
L’indexation complète de tous
nos honoraires
L’indexation complète (1,95%)
et la stabilisation de notre
marge économique
L'élargissement des mesures relatives
à la contraception aux jeunes femmes
jusqu'à 25 ans (et non plus 21)