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Nouveaux services

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2. De nouveaux services de soins en pharmacie d’officine 

Grâce au demi-million de contacts patients que les quelque 12.000 pharmaciens et 6.000 assistants ont quotidiennement avec la population, les (± 4.600) pharmacies jouent un rôle prépondérant dans le paysage belge des soins de santé. Que l’on soit en ville ou à la campagne, la croix verte guide nos concitoyens vers une porte d'accès aux soins de santé, toujours proche et très accessible. En raison de cet accès très facile, sans rendez-vous, de la fiabilité de ses services et de la garantie de pouvoir s’adresser, à tout moment, à un prestataire de soins hautement qualifié, la pharmacie est très largement plébiscitée par la population et le pharmacien jouit d’une grande confiance auprès des citoyens-patients. Pourtant, ce potentiel de soins reste actuellement sous-utilisé, y compris dans le domaine de la prévention et de l'orientation des patients. 

La prévention nécessite une approche interfédérale coordonnée, basée sur des objectifs de santé concrets tels qu’un taux de vaccination suffisamment élevé ou la détection suffisamment précoce de maladies (chroniques). Le pharmacien peut apporter une valeur ajoutée importante à cet égard, en proposant des solutions coût-efficaces (recherche de cas ou dépistage ciblé) et en faisant de l’orientation ciblée. L'initiation trop tardive de traitements adéquats peut ainsi être évitée, ce qui permet de réduire le coût des soins et, potentiellement, de préserver la qualité de vie du patient.

Les pharmaciens contribuent aussi positivement à l’accessibilité financière des soins de santé en accompagnant les patients confrontés à des problèmes de santé bénins. Deux tiers d’entre eux vont d’abord se soigner par eux-mêmes, avec l'aide de leur pharmacien. Bien qu’elle reste malheureusement trop méconnue, l’importance de cette pratique courante dans notre système de santé est considérable. Le pharmacien va proposer un médicament non soumis à la prescription « sur mesure » ou référer vers un autre professionnel de la santé compétent. En effet, les médicaments ou produits non soumis à la prescription ne sont pas nécessairement la bonne ni la seule réponse au(x) besoin(s) ou à la plainte de santé du patient4

Le patient chronique aussi retire un bénéfice d’un accompagnement régulier de son pharmacien, qui va porter une attention particulière à la littératie en santé, l'observance thérapeutique, la polymédication, au bon usage du médicament, etc. Pour ce faire, notre secteur souhaite continuer à construire sur le socle que constitue le pharmacien de référence, en développant des services supplémentaires, à valeur ajoutée tant pour le patient que pour notre système des soins de santé.

La contribution positive des services de soins et des nouvelles interventions proposées par les pharmaciens d'officine est clairement établie, et ce, au niveau tant de la santé individuelle que collective. Notre secteur est pionnier dans l’implémentation de systèmes qui permettent un rapportage et un suivi de ces services et interventions, et ce, à l'intention non seulement du citoyen/patient (niveau nano) et des autres prestataires de soins qui l'entourent (niveau micro), mais aussi des différents niveaux de pouvoir potentiellement impliqués dans la politique des soins de santé (niveau méso, macro, etc.). Ces derniers disposent ainsi d'indicateurs de performance clés (KPI), quantitatifs et qualitatifs, capables de soutenir une prise de décision politique evidence-based.

Notre secteur demande qu’au cours de la prochaine législature, on utilise davantage le potentiel des pharmaciens d’officine en leur confiant de nouvelles missions. Complémentaires à l'offre de soins actuelle, ces missions viendront renforcer cette offre et la rendront plus résiliente. La rémunération adéquate de ces services en pharmacie permettra d’assurer leur développement ultérieur et leur durabilité. 

Mesures concrètes et options politiques proposées :

AU NIVEAU FEDERAL

  • Réformer la loi sur l'exercice des professions de soins de santé (LEPSS ou AR78) en fonction de la collaboration interdisciplinaire entre les prestataires de soins. Cette révision des compétences doit permettre de mieux répondre aux évolutions sociétales (récentes) et aux attentes des patients, tout en apportant une réponse aux pénuries de prestataires et de personnel de soins dans les différents secteurs. Notre secteur demande notamment une extension, à d'autres pathologies, de ses compétences en matière de dépistage (par exemple au travers du Point-of-Care Testing (POCT)), et ce, dès lors qu’une valeur ajoutée peut être apportée aux patients et aux autorités, par exemple en vue de lutter contre l’antibiorésistance en décourageant et en prévenant l'usage inapproprié des antibiotiques.

  • Étendre et pérenniser (Quick Win) les compétences vaccinales que les pharmaciens peuvent exercer en officine. L'expérience de la vaccination contre la COVID-19 en Belgique et à l'étranger montre que les pharmaciens d'officine peuvent contribuer de manière importante à l'augmentation de la couverture vaccinale, tant par la sensibilisation (basée sur la gestion de la santé de la population (Population Health Management)) que par l’administration de vaccins. En officine, les pharmaciens vaccinent déjà contre la grippe dans 12 pays d'Europe ; contre la COVID-19, dans 13 pays ; et contre d'autres maladies évitables, dans 7 pays.

  • Poursuivre les investissements dans les services de Bon Usage des Médicaments (BUM), d'amélioration de l'observance thérapeutique chez les patients souffrant de maladies chroniques, et d'amélioration du transfert de données transmural, tant à l'admission qu’à la sortie de l'hôpital (Seamless Care5). 

  • Étendre les compétences du pharmacien en matière de prescription (avec droit au remboursement pour le patient) telles qu’elles existent déjà pour le vaccin antigrippal, le vaccin contre la COVID-19 et la contraception d'urgence. Dans 11 pays européens, les pharmaciens peuvent déjà, d’une part, renouveler de manière autonome des traitements chroniques, et ce, sous la forme d’un service remboursé aux patients et, d’autre part, prescrire et délivrer, sur la base de protocoles validés, des médicaments soumis à la prescription pour des pathologies bénignes telles que les cystites non récidivantes6

  • Permettre au pharmacien de proposer, de sa propre initiative, le BUM Prétrajet diabète de type 2 – observance thérapeutique, comme c’est déjà le cas pour les autres services entrant dans le cadre du suivi des soins pharmaceutiques (Quick Win).

  • Impliquer le pharmacien dans un plan de lutte contre les problèmes de dépendance liés aux médicaments, en s'appuyant sur les expériences déjà acquises dans le secteur telles que le traitement de substitution à la méthadone et le sevrage progressif de benzodiazépine​s à l’aide de préparations magistrales. 

  • Accorder au pharmacien d'officine des compétences supplémentaires pour lutter contre la surconsommation de médicaments.

AU NIVEAU INTERFEDERAL ET DES ENTITES FEDEREES

  • Reconnaître et subsidier de manière forfaitaire (cf. aussi le volet économique) les pharmacies en tant que porte d'accès (point de contact) aux soins de santé dans le cadre des soins de proximité, de la détection de pathologies, de problèmes psychosociaux, etc.

  • Reconnaître et subsidier de façon forfaitaire les pharmaci​es en tant que canal de qualité complémentaire pour les citoyens (cf. également le volet économique) dans le cadre de programmes de dépistage de la population (dépistage du cancer), de campagnes de sensibilisation, etc., soutenus par la gestion de la santé de la population et des algorithmes pilotés par des données (cf. volet innovation).​

​​4Note APB OPHACO « Pour une automédication accompagnée et responsable », janvier 2021.

5Cf. Seamless care with regard to medications between hospital and home (Rapport du KCE vol. 131C, 2010)
6Bulgarie, Chypre, Croatie, Espagne, Estonie, France, Irlande, Royaume-Uni, Slovénie, Suède et Tchéquie (source : GPUE)
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