est réalisée sur le logiciel Crossway et
son traitement habituel est reconduit de
manière « automatique ».
Le 23 février 2018, la patiente présente
un arrêt cardiorespiratoire sur un
trouble du rythme à QRS large mal
toléré sur le plan hémodynamique
(tension artérielle non mesurable,
marbrures étendues sur le corps
entier, troubles de la conscience). Un
choc électrique externe de 200 joules
et l’instauration d’isoprénaline
permettent un retour en rythme
sinusal. Les troubles du rythme sont
identifiés comme une torsade de pointe
a posteriori devant un allongement
modéré de l’intervalle QT à 520 ms
(considéré comme prolongé au-dessus
de 450 ms chez l’homme et 460 ms
chez la femme) mis en évidence sur
l’électrocardiogramme (ECG). La
prise en charge de cette torsade de
pointe est réalisée dans le service
de réanimation et permet un retour à
son état clinique antérieur malgré des
signes de défaillance cardiaque gauche
modérée à surveiller et des passages
en fibrillation auriculaire paroxystique.
Le bilan étiologique de cette torsade de
pointe met en évidence une iatrogénie
médicamenteuse devant l’association de
médicaments allongeant l’intervalle QT
(sertraline, amiodarone et sotalol),
ainsi qu’une hypoxémie sur une grippe A
diagnostiquée le 23 février 2018. Les
traitements par sertraline et sotalol sont
arrêtés (Figure 2).
et une saturation en oxygène non
mesurable. Elle est transférée en
réanimation pour un choc septique
compliquant une infection à E. Coli
sauvage à point de départ urinaire, traité
par céfotaxime (Céfotaxime Mylan® 2 g
injectable) à la posologie de 16 g par jour
par voie intraveineuse, compliqué d’une
insuffisance rénale aiguë (créatininémie
à 130 μmol/L) avec une hyperkaliémie
à 7,8 mmol/L, une acidose lactique et un
surdosage en antivitamine K (INR = 4,4).
A ce moment, la patiente est à jeun,
tous ses traitements par voie orale sont
suspendus. Les prescriptions du service
de réanimation sont réalisées sur un
logiciel différent des autres services
de soins 4.
Le 14 février 2018, un épisode de
fibrillation auriculaire rapide sans
retentissement clinique est traité par
amiodarone par voie intraveineuse à
la posologie de 1200 mg en continu
pendant une journée (Amiodarone
Aguettant® 150 mg/3mL solution
injectable), puis relayé le lendemain par
voie orale à la posologie de 200 mg par
jour (Cordarone® 200 mg comprimé).
L’évolution dans le service est
rapidement favorable.
Le 15 février 2018, la patiente
bénéficie d’une pose de prothèse
totale de hanche gauche. De retour en
service de chirurgie orthopédique le
16 février 2018, la retranscription des
traitements instaurés en réanimation
Figure 2 : Plan de prise des médicaments torsadogènes pendant l’hospitalisation
Journal de Pharmacie de Belgique - 101ème année n° 1 - mars 2019 25
étant à risque, mais des médicaments
d’autres classes thérapeutiques
sont également concernés 2. Le cas
clinique présenté illustre la gravité
des interactions médicamenteuses
torsadogènes en rapportant un
arrêt cardiorespiratoire lié à la prise
concomitante de trois médicaments
allongeant l’intervalle QT.
2. Observation
Une femme de 66 ans est admise
aux urgences dans la soirée du
10 février 2018 pour fracture du col
fémoral gauche suite à une chute
mécanique. Elle est hospitalisée
quelques heures plus tard dans le
service de chirurgie orthopédique en
vue d’une prise en charge chirurgicale.
Son traitement habituel est prescrit
dans le logiciel Crossway 3 (Figure 1).
Les antécédents de la patiente sont le
port d’une prothèse valvulaire mitrale
mécanique, une fibrillation atriale
paroxystique emboligène compliquée
d’un accident vasculaire cérébral
ischémique dont elle conserve une
hémiparésie du membre inférieur
gauche, une artériopathie oblitérante
des membres inférieurs, un syndrome de
Raynaud, une anémie chronique et une
atrophie rénale congénitale.
Dès le lendemain, la patiente est
retrouvée somnolente, marbrée,
hypotherme avec une pression artérielle
Figure 2 : Plan de prise des médicaments torsadogènes pendant l’hospitalisation
Etude