Journal de Pharmacie de Belgique - 32 101ème année n° 1 - mars 2019
particularités de chaque formulation
afin d’améliorer son utilisation 2.
Par exemple, il faut être attentif à la
composition des soins de bouche à
base de nystatine et, entre autres, à
la présence de saccharose qui peut
augmenter le risque de caries. Dans ce
cas, ces soins de bouche ne devraient
pas être utilisés chez des patients à
risque de caries ou encore des patients
diabétiques. De même, certaines
formulations ont un goût déplaisant
et peuvent diminuer l’adhésion
au traitement.
Etant donné le peu d’études
correctement réalisées sur l’efficacité
et la sécurité de la nystatine dans la
COP et ses différentes formes, des
études complémentaires randomisées,
contrôlées devraient être menées 2.
5. Soins de bouche à base
de nystatine
En Belgique, deux suspensions buvables
de nystatine à 100 000 UI/mL sont
commercialisées : le Nilstat® et la
Nystatine® 32. La nystatine n’est pas
disponible sous forme de pastilles,
mais bien sous forme de matière
première. Cette dernière entre dans
la composition du bain de bouche à la
nystatine-hydrocortisone et lidocaïne
(NHL) du Formulaire Thérapeutique
Magistrale (FTM) (Tableau 4) 33. Selon
le FTM, cette formulation est indiquée
pour traiter les infections fongiques
de la bouche avec composantes
inflammatoires et douloureuses à raison
d’une cuillère à soupe en bain de bouche
4 fois par jour, ce qui correspond à une
posologie journalière de 360 000 UI
de nystatine 33. Il n’est pas à délivrer
comme médicament de conseil.
Certains médecins prescrivent cette
composition en y ajoutant 1 g de sulfate
de néomycine 33.
6. Situation au CHU de Liège
Le service de Pharmacie du CHU de
Liège dispose du Nilstat® en suspension
buvable et prépare également un bain de
bouche contenant les mêmes principes
actifs que le bain de bouche NHL. Sa
composition s’inspire de la formulation
méta-analyse a évalué l’efficacité
et la sécurité de la nystatine dans le
traitement de la COP. En considérant
11 études hétérogènes, elle conclut que
l’efficacité des pastilles de nystatine
est significativement supérieure
au placebo dans le traitement de la
stomatite sous prothèse, une des
formes érythémateuses de la COP
et que la suspension de nystatine
n’est pas supérieure au fluconazole
dans le traitement de la COP chez
des nourrissons, des enfants ou des
patients atteints du VIH/SIDA 4. Selon
les auteurs, la suspension de nystatine
est un mauvais choix thérapeutique
chez les nourrissons, les enfants ou
les patients atteints du VIH présentant
une COP, probablement parce que
le temps de contact au niveau de la
cavité buccale est faible. D’après eux,
les pastilles de nystatine semblent
être plus efficaces afin de traiter la
COP que les suspensions de nystatine.
Samaranayake et al. expliquent
effectivement que les pastilles de
nystatine ont un temps de contact
prolongé puisqu’elles peuvent être
sucées lentement ce qui explique
leur effet fongicide supérieur aux
suspensions 8. De plus, la suspension
est rapidement éliminée par la salive 28.
D’autres formulations à base de
nystatine ont été testées afin d’améliorer
le temps et la qualité de contact comme
par exemples des gels, des formulations
bucco-adhésives, des nano-formulations
ou encore des micro-formulations 28-31.
Par ailleurs, Scheibler et al. décrivent
bien la nécessité, vu l’usage répandu
de la nystatine dans la COP, d’informer
les professionnels de la santé des
traitements antifongiques locaux qui sont
appliqués au niveau de la zone infectée
et traitent les infections superficielles
(formes bénignes de la COP) et les
traitements systémiques qui sont
prescrits quand l’infection est étendue
et qu’un traitement local n’est pas
suffisant (formes modérées à sévères
de COP) 14,24. Le Tableau 3 reprend les
traitements proposés par les dernières
recommandations de la Société
Américaine des Maladies Infectieuses
(Infectious Diseases Society of America,
IDSA) 14. Garcia et al. soulignent qu’un
des éléments importants dans la prise
en charge pharmacologique de la COP
est le choix approprié du traitement
antifongique par évaluation du ratio
efficacité/toxicité pour chaque cas 24.
Si la réponse clinique au traitement
approprié est faible, d’autres causes
devraient être exclues.
4. Efficacité et sécurité de la
nystatine en cas de COP
Une récente mise à jour des
recommandations de l’IDSA en 2016
recommande d’utiliser la nystatine
comme traitement alternatif en cas de
COP bénigne pendant 7 à 14 jours (voir
Tableau 3) 14. La nystatine est soit
prescrite sous forme de suspension à
100 000 UI/mL, à raison de 4-6 mL 4 fois
par jour, soit sous forme de pastille à
200 000 UI/pastille, à la posologie de
1 à 2 pastilles 4 fois par jour. Chez les
patients immunodéprimés, une métaanalyse
récente a démontré que la
nystatine ne peut être recommandée
dans la prophylaxie et le traitement
des infections à Candida 27. Une autre
Tableau 2 : Formes cliniques des candidoses oropharyngées
Formes blanches
-- Pseudomembraneuse aiguë ou muguet
-- Hyperplasique
Formes érythémateuses
-- Atrophique aiguë
-- Atrophique chronique : stomatite sous prothèse dentaire
-- Glossite rhomboïde médiane
-- Chéilite angulaire : perlèche
-- Erythème gingival linéaire (associé aux patients atteints du VIH)
Étude ÉFtaurdmeaceutisch Tijdschrift voor BelgFiaërmaceutisch Tijdschrift voor België